QUAND PASSION ET FIERTE REINVENTENT L'iNDUSTRIE AU FEMININ
L’industrie est encore trop souvent perçue comme un secteur réservé aux hommes et où les réussites féminines apparaissent comme des exceptions. La campagne « Fière d’être » de l’UIMM Loire-Atlantique vise à déconstruire ces idées reçues en mettant en lumière des parcours inspirants de femmes dans ce secteur.
Pour inaugurer cette initiative, le témoignage de Murielle Ménard, 56 ans, usineuse et soudeuse depuis 12 ans chez Kuhn, illustre parfaitement qu’il est non seulement possible de s’épanouir dans l’industrie, mais aussi d’y construire une carrière solide et valorisante en tant que femme.
Qu'est-ce qui vous a donné envie de travailler dans l'industrie, alors que votre parcours initial s'orientait autrement ? Murielle Ménard : J’ai quitté le système scolaire général après la cinquième pour intégrer une école où l’on apprenait des bases pratiques comme la cuisine ou encore la couture. C’est là que j’ai obtenu un CAP d’employée de bureau et un BEP en secrétariat comptabilité. Je n’ai jamais travaillé dans ces domaines car je n’ai tout simplement pas trouvé de travail. Mon entrée dans l'industrie s'est faite un peu par hasard. J’ai d’abord commencé dans une usine de fabrication de cabines en résine, où j’étais en CDI. Suite à un licenciement économique, j’ai enchaîné des missions d’intérim, 18 mois par ci, 18 mois par là… Un jour, j'ai décidé que je voulais plus de stabilité. Une conseillère Pôle emploi (maintenant France Travail) m’a alors suggéré de participer à des ateliers liés à l’industrie, où j’ai appris les bases comme assembler des pièces ou réaliser une soudure. J’ai ainsi découvert un secteur où j’ai finalement trouvé ma place.
Vous avez suivi une formation spécifique pour devenir usineuse et soudeuse. Pouvez-vous nous en parler ? M.M. : Oui, j'ai suivi une formation d’un an en alternance entre l’AFPA et l’entreprise. J'y ai obtenu une certification en soudure et un CQPM de Technicien(ne) d’usinage sur machines-outils à commande numérique. Cette formation m’a permis de développer les compétences nécessaires pour exercer mon métier, qui me passionne aujourd'hui.
De quoi êtes-vous la plus fière dans votre parcours ? M.M. : Je suis très fière de l’autonomie que j’ai acquise. Mes responsables me font confiance, et je produis mes pièces de manière indépendante. J’usine, je soude et je gère ma machine. C’est gratifiant de voir ce que j’ai créé de mes propres mains. Même si je ne suis qu’un maillon de la chaîne, je sais que chaque pièce que je produis contribue à un projet global.
En tant que femme, avez-vous rencontré des obstacles ou des stéréotypes dans votre métier ? M.M. : Au début, les hommes étaient sceptiques voire réticents à travailler avec des femmes. C’était la première fois qu’il y avait des femmes dans le secteur usinage. Mais avec le temps, ils ont vu que nous étions tout à fait capables. L’idée reçue selon laquelle une femme ne pourrait pas faire ce métier s’est dissipée avec le temps. Je dirais même que nous, les femmes, avons un niveau de minutie qui fait souvent la différence. Nous prenons soin de notre matériel et veillons à la précision de nos gestes. |
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Vous sentez-vous à votre place dans un secteur que l’on dit traditionnellement masculin ?
M.M. : Absolument. J’ai travaillé dans des environnements majoritairement féminins et je préfère la franchise que l’on concède souvent aux hommes. Dans l’industrie, je me sens pleinement à ma place.
Pensez-vous que travailler dans l’industrie est compatible avec une vie personnelle équilibrée ?
M.M. : Oui, c’est tout à fait possible. J’ai élevé mes enfants tout en travaillant, grâce à une bonne organisation. L’industrie offre des opportunités pour concilier vie professionnelle et personnelle. C’est important de ne pas sacrifier l’un pour l’autre.
Quel message souhaiteriez-vous transmettre aux femmes qui hésitent à se lancer dans l’industrie ?
M.M. : Il faut oser, essayer et ne pas avoir peur. Les femmes sont autant capables que les hommes et ont toute leur place, même si elles peuvent être confrontées à des défis ou à des remarques. Cela n’est pas propre à l’industrie, mais il faut savoir les surmonter. J’aimerai aussi parler de l’alternance, qui est une excellente voie pour découvrir ce secteur, car elle allie théorie et pratique de manière efficace.