ATTIRER LES TALENTS FEMININS POUR UNE INDUSTRIE PLUS FORTE
Dans un secteur historiquement dominé par les hommes, l’industrie aéronautique fait de plus en plus de place aux talents féminins. Florence Olivier, directrice du site Airbus Atlantic de Saint-Nazaire, partage avec nous son parcours et son point de vue sur l’évolution de la féminisation dans l’industrie. Elle nous parle des défis et opportunités liés à cette transformation, ainsi que des initiatives concrètes pour promouvoir la diversité de genre chez Airbus Atlantic.
Pouvez-vous nous parler de votre parcours et de votre statut actuel chez Airbus Atlantic ?
Florence Olivier : Je suis actuellement directrice du site Airbus Atlantic à Saint-Nazaire, spécialisé dans la fabrication de pièces élémentaires. J’ai un parcours de 25 ans dans l’industrie, principalement dans le secteur aéronautique, après avoir débuté dans l’automobile. Chez Airbus Atlantic, j’ai occupé divers postes de management, notamment dans la qualité et la production, jusqu’à mon précédent rôle de directrice qualité à Montoir-de-Bretagne.
Comment l'emploi féminin a-t-il évolué depuis vos débuts dans l'industrie ?
F.O. : J’ai vu une nette évolution. Au moment où j’ai intégré l’industrie aéronautique, les femmes étaient très peu représentées, et les postes en production ou en responsabilité leur étaient rarement proposés. Aujourd’hui, les femmes sont recrutées dans tous types de postes, y compris ceux traditionnellement perçus comme “physiques” ou demandant des compétences techniques spécifiques. Bien que la parité ne soit pas encore atteinte, il est important de noter que les femmes osent davantage postuler aujourd’hui, y compris pour des postes de direction. Cet engagement de féminisation s'inscrit dans la conviction qu’une équipe diversifiée apporte une richesse et un bénéfice considérable pour l'entreprise.
Quels stéréotypes sont encore associés aux métiers industriels, et quelles actions Airbus Atlantic met-elle en place pour attirer davantage de talents féminins ?
F.O. : Les stéréotypes sont tenaces ! L’image de l’usine comme un lieu sale et bruyant persiste, et certaines personnes – hommes et femmes – hésitent à envisager une carrière industrielle pour ces raisons. C’est pour cela qu’au sein d’Airbus Atlantic, nous ouvrons régulièrement les portes de nos usines pour montrer une toute autre réalité : un environnement sûr, des technologies de pointe et une variété de métiers adaptés à toutes et à tous. La notion de genre est désormais dépassée dans nos recrutements. Nous encourageons les femmes à découvrir cet environnement et à “oser essayer”.
L’industrie offre-t-elle une variété de métiers plus importante que l’on imagine souvent ?
F.O. : Tout à fait. Travailler dans une usine n’est pas limité aux postes techniques et manuels. Nous avons également des métiers dans l’administration, la gestion des approvisionnements, le management, et même dans la communication. Il y a tellement de métiers disponibles dans l’industrie que chacun peut y trouver sa place. Une usine, c’est avant tout une communauté de vie où l’on travaille en groupe et où la diversité des profils fait la richesse du quotidien.
Airbus Atlantic garantit-il une égalité des chances pour les femmes, notamment en termes de promotions et de postes à responsabilité ?
F.O. : Oui, absolument. Chez Airbus Atlantic, l’égalité des chances est une priorité. Les promotions et les postes à responsabilité sont accessibles aux femmes sans distinction. Airbus Atlantic veille à garantir cette égalité des chances, et cet engagement est soutenu au plus haut niveau de l’entreprise.
Quel est votre regard sur les actions menées dans d’autres entreprises pour promouvoir la diversité ?
F.O. : J’échange régulièrement avec des collègues d’autres entreprises de la région, et beaucoup partagent notre engagement pour la diversité. Nous constatons que toutes les entreprises ne progressent pas au même rythme, et je ressens une certaine frustration à voir que certains stéréotypes persistent, notamment chez les jeunes générations. Parfois, lors de mes interventions au collège ou au lycée, certaines jeunes femmes hésitent encore à envisager une carrière industrielle et privilégient le secteur social. Pourtant, l’industrie a beaucoup à leur offrir et il est crucial d’aller à leur rencontre pour changer cette perception.
Quels défis avez-vous rencontrés en tant que femme dans ce secteur, et quels conseils donneriez-vous aux jeunes femmes intéressées par l'industrie ?
F.O. : Personnellement, j’ai eu la chance de grandir dans un environnement où on ne m’a jamais fait sentir qu’un métier était “réservé” aux hommes. Cependant, le vrai défi pour moi a été de concilier ma carrière avec la parentalité. Cela m’a parfois amenée à réfléchir à l’équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle. Aujourd’hui, je pense que cette réflexion concerne autant les jeunes pères que les mères, ce qui montre une évolution positive.
Mon conseil aux jeunes femmes serait d’oser se renseigner, de visiter des sites industriels et de parler avec des professionnelles du secteur. Il est essentiel de se libérer des préjugés et de se donner la chance de découvrir ce milieu.
Selon vous, quelles qualités les femmes apportent-elles au secteur industriel ?
F.O. : Je me méfie des clichés, mais il est certain que c’est souvent en formant une équipe diversifiée que l’on crée des dynamiques enrichissantes. La présence féminine, par exemple, peut parfois amener une forme de “cassure” dans certains codes de comportement, surtout dans un milieu majoritairement masculin, ce qui ouvre la voie à une écoute plus attentive et une plus grande souplesse dans les échanges. Ces qualités ne sont pas exclusivement féminines, mais une équipe mixte peut vraiment transformer un environnement de travail en y introduisant plus d’ouverture et d’écoute.
La campagne #Tuastaplace de l’UIMM vise à faire passer la proportion de femmes dans l'industrie de 22,6 % à 33 % en 10 ans. Selon vous, quels sont les leviers pour atteindre cet objectif ?
F.O. : Il faut aller chercher les jeunes filles là où elles sont, dans les collèges et les lycées, pour leur montrer que l’industrie peut être un choix de carrière passionnant. Témoigner, échanger, et surtout leur donner des occasions de découvrir nos métiers. Nous devons par exemple aller sur les réseaux sociaux pour toucher cette jeune génération de manière plus directe. C’est en nous adaptant aux modes de communication actuels que nous arriverons à sensibiliser les plus jeunes et à attirer une nouvelle génération de talents féminins.